Des « solutions finales », il y en a eu à travers l’histoire. Mais les générations qui héritent du passif de leurs parents ont souvent du mal à regarder ce passif. Les Morisques font partie de l’héritage historique, voire génétique, des Espagnols, incapables à ce jour de le porter.
L’évaluation de l’étendue de l’expulsion générale et définitive des Morisques de l’Espagne a été une source de controverse, depuis toujours, et a subi de nombreuses fluctuations. La légitimité de cette décision, défendue au cours de la première moitié du XVIIème siècle sur la base d’arguments xénophobes et racistes, a cédé ultérieurement la place à des attitudes de sympathie envers les Morisques dans la seconde moitié du XVIIIème siècle. Au cours du XIXème siècle, les auteurs romantiques et libéraux espagnols ont considéré les Morisques comme des victimes du régime absolutiste de la dynastie des Habsbourg. Cette interprétation ne sera pas partagée plus tard par les intellectuels du régime de la Restauration, qui ont justifiée l’expulsion des Morisques comme étant une mesure fondée sur la raison d’État. Cela dit, à partir des dernières décennies du XXème siècle, les historiens espagnols qui ont développé une histoire documentée des minorités socioculturelles, traitée avec plus de rigueur scientifique et un contenu moins idéologique, ont pris généralement des positions favorables à une révision totale de la question des Morisques.
Par Mustapha Adila
Lire la suite de l’article dans Zamane N° 75