L’avenir de l’enseignement de l’histoire du Maroc est un vaste débat et, plus que jamais, la méthodologie et le contenu des programmes sont sujets à polémique.
La dimension politique de l’enseignement de l’Histoire en fait une discipline à part dans le système éducatif. Comment adopter une démarche de rationalité scientifique pour enseigner cette matière dans un pays dont le régime traîne le boulet d’un lourd passé ? Depuis quelques années, la société marocaine est lasse de la frilosité d’un milieu qui ne renonce toujours pas à imposer une vision unique de l’Histoire, si caractéristique des régimes autoritaires. Les Marocains ont pris conscience de la pluralité et de la complexité de leur histoire, creusant un peu plus le fossé entre la version officielle et les réalités qu’ils soupçonnent. Certes, des efforts de mémoire ont été et sont encore réalisés par des acteurs de la sphère étatique et des membres de la société civile. La presse se sent également de plus en plus concernée par la redécouverte de l’Histoire. Ces signes encourageants ne sont pas pour autant les gages d’une réhabilitation institutionnelle de l’histoire marocaine. De plus, mémoire n’est pas Histoire. La concurrence entre les deux réside dans la forme de noblesse de l’Histoire, en tant que discipline reposant sur un cadre scientifique. L’Histoire se doit de dépasser les mémoires et de chercher à les accorder. Les historiens marocains, entravés par une liberté d’expression limitée et le manque de documents, n’ont souvent pas pu aller au bout de leurs recherches. Pour les plus audacieux d’entre eux, la stigmatisation par l’État a vite fait de décrédibiliser leur production. Dans un tel contexte, le manuel scolaire est sans conteste l’outil pédagogique à même de redonner à l’histoire du Maroc l’indépendance politique qu’elle mérite. Malgré quelques réformes survenues dans le cadre global de l’enseignement, des voix s’élèvent encore pour dénoncer des programmes tronqués, voire erronés. L’effort de réhabilitation est entravé par la succession d’entreprises de sape, entamée depuis le Protectorat et poursuivie après l’Indépendance par une vision nationaliste égoïste et étriquée de l’histoire du Maroc. La société marocaine d’aujourd’hui exige de l’Etat qu’il reformule, à travers l’enseignement de l’Histoire, l’identité des jeunes générations, bien moins dupes que les précédentes.
Par Sami Lakmahri
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toujours des écritures au niveau.
bravo les deux professeurs