Lalla Khnata Bent Bekkar, d’origine sahraouie, était l’une des épouses favorites de Moulay Ismaïl (1672-1727). Belle et bien née, intelligente et cultivée, émancipée par rapport aux mœurs de l’époque, elle avait de l’ascendant sur son mari et fut même nommée, sous son règne, ministre et secrétaire personnelle. A la mort du sultan, Lalla Khnata ne parvient pas à imposer son fils, Moulay Abdellah, en tant que digne héritier du trône. Ahmed Dahbi, le fils d’une de ses rivales, est intronisé avant d’être déposé. Il est remplacé par Moulay Ahmed puis Moulay Abdelmalek. Après leur mort, la voie est enfin libre pour Lalla Khnata, qui ne recule devant rien pour imposer son fils, qui se révèle n’être que l’instrument de sa mère. Immensément riche, grâce à son défunt époux, elle répandit « 300.000 ducats parmi les Noirs, et 50.000 qu’elle distribua elle-même à leurs principaux officiers », selon un document français sur l’Histoire du royaume (1727-1729). Et grâce à sa finesse d’esprit, elle parvient également à rallier les ouléma à sa cause. Alors que Moulay Abdellah apparaît comme l’une des taches noires de la dynsatie des Alaouites, Lalla Khnata apparaît comme l’héritière véritable de Moulay Ismaïl, notamment dans les négociations qu’elle mène en sous-main pour limiter les conséquences des erreurs politiques de son fils et pour maintenir l’équilibre des forces en présence. En plus de tenir les rênes du pays et de recevoir tous les ambassadeurs étrangers chez elle, Lalla Khnata prépare déjà la succession de son fils, et forme son petit-fils, le futur Sidi Mohammed Ben Abdellah, qui sera sultan de 1757 à 1790. Entre-temps, en 1736, alors que Moulay Abdellah ne maîtrise plus le pays, Lalla Khnata fuit Meknès, rallie Doukkala avec une escorte militaire des Oudayas, et « règne » sur la politique locale et le commerce international.
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