L’organisation du 23-Mars rêvait de faire la révolution au Maroc. Durant les années de plomb, elle a été, avec d’autres organisations similaires, l’acteur politique qui a défié le régime de Hassan II avec enthousiasme et détermination. Certes ses militants étaient des idéalistes porteurs d’une utopie, mais c’était la caractéristique de leur temps. Leur combat a été celui du pot de terre contre le pot de fer. La violence révolutionnaire qu’ils affichaient comme alternative au réformisme de leurs aînés n’est jamais allée au-delà du discours et des idées. Il n’est pas question ici de livrer une analyse conceptuelle de leur pensée, cela a déjà été fait. Ce dossier livre un aperçu du fonctionnement du 23-Mars : son organisation, son mode opératoire, son financement et la vie quotidienne de ses militants qui ont sacrifié plusieurs années de leur vie à la clandestinité.
Le 23 mars 1965 est une date écrite en lettres de sang dans l’histoire marocaine. Ce jour-là, une répression féroce s’abat sur le peuple contestataire. Cette date est aussi le nom d’une organisation révolutionnaire clandestine formée en 1970 et qui rêve de renverser le régime despotique qui s’est instauré. Pour comprendre le cheminement de l’un à l’autre, il faut d’abord revenir en arrière. L’arrivée de Hassan II sur le trône en 1961 barre définitivement la route qui conduisait le Maroc vers la modernité. Fort de son armée et de ses services, le nouveau souverain met en placeun régime despotique, entame une retraditionalisation de la société et marginalise le nationalisme populaire. Les deux grands partis de cette mouvance, le Parti de l’Istiqlal (PI) et l’Union national des forces populaires (UNFP), parient sur le fait que la situation finira par dégénérer d’elle-même et s’installent dans un attentisme splendide, ne laissant dans le champ politique que leur jeunesse. L’Union nationale des étudiants du Maroc (UNEM) devient naturellement le cadre mobilisateur d’une jeunesse fougueuse et s’érige en fer de lance de la révolution, sous les regards approbateurs des leaders populaires qui bottent en touche. De congrès en congrès, l’UNEM produit des résolutions de plus en plus enflammées.
Par la rédaction
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