Le 18 juillet 2002, le Maroc et l’Espagne entraient dans un conflit territorial éclair autour de l’îlot Leila. En guise de commémoration, deux médias espagnols ont diffusé une vidéo humiliante, où l’on voit l’intervention des militaires espagnols.
Le 18 juillet dernier marquait le 15ème anniversaire de la “crise de l’îlot Leila” (ou Perejil pour les Espagnols), la plus grave crise entre le Maroc et l’Espagne au XXIème siècle, qui a failli tourner à l’affrontement. Plusieurs médias espagnols ont eu une bien curieuse manière de commémorer cet événement. En effet, le magazine «Interview», à mi-chemin entre presse à scandale et presse people, a publié sur son site une vidéo filmée à l’époque des faits, où l’on voit les forces spéciales de l’armée espagnole arrêter les six soldats marocains qui s’étaient installés sur l’île six jours auparavant. Dans la foulée, celle-ci a également été diffusée lors du journal télévisé d’une chaîne privée, La Sexta. Si cette vidéo, relayée sur les réseaux sociaux, n’a pas eu beaucoup d’échos auprès de l’opinion publique espagnole, elle a outré bon nombre de Marocains, la qualifiant “d’humiliante”. D’où vient la fuite ? “Ce qui est sûr c’est qu’elle n’émane pas directement du ministère espagnol de la Défense. En revanche, il est certain que cette vidéo a été filmée par un militaire espagnol au moment des faits. A-t-elle été vendue 15 ans plus tard à la presse ? C’est très probable”, estime Ignacio Cembrero, journaliste à «El Mundo» et spécialiste du Maghreb. Un jour avant la diffusion, un reportage a également été programmé le 10 juillet sur un site d’information, où plusieurs militaires espagnols, qui sont intervenus au cours de cette crise, ont livré leurs témoignages. “Et ils ont forcément été autorisés à s’exprimer par la Défense, d’autant que le reportage est plutôt à la gloire de l’Espagne”, ajoute Cembrero. Pour rappel, le statut de l’îlot est toujours ambigu, si ce n’est que depuis 40 ans, un statut accepté par le Maroc et l’Espagne stipule qu’aucun des deux pays ne peut l’occuper. D’où le statu quo qui perdure.