À l’occasion du 18ème anniversaire de la fête du trône, le roi Mohammed VI a adressé à la nation un discours très attendu. Au menu, des remontrances à l’administration et la classe politique et des éloges au secteur privé. Le tout sur un fond d’analyse des évènements du Rif.
Si le roi a, par le passé, vertement critiqué la classe politique, son agacement n’a jamais été aussi explicite que lors de son dernier discours. En soulignant à plusieurs reprises les manquements des responsables politiques et administratifs, Mohammed VI entend bien désigner les coupables, selon lui, de l’important mouvement social qui secoue le Rif depuis plusieurs mois. Car le discours du souverain a bien été consacré en large partie au Hirak et à la situation tendue à Al Hoceïma. Dans les faits, MohammedVI, après avoir gracié une partie des détenus du mouvement de protestation, a pointé du doigt les défaillances de gouvernance qui ont conduit une partie des Marocains à battre le pavé : « L’un des problèmes qui entravent aussi le progrès du Maroc réside dans la faiblesse de l’administration publique, en termes de gouvernance, d’efficience ou de qualité des prestations offertes aux citoyens». Dans la foulée du constat, le roi se pose la question des mesures à prendre : «Ne conviendrait-il pas de destituer tout responsable à chaque fois qu’on établit une négligence ou un manquement de sa part dans l’exercice de ses fonctions?». S’il promet la sévérité à l’égard des responsables politiques et des agents de l’administration -et nul doute que des têtes risquent de tomber-, Mohammed VI leur oppose ouvertement un modèle, le secteur privé, auquel il adresse ses éloges: « Pour mettre fin à ces dysfonctionnements, il appartient donc au gouverneur et au caïd, au directeur et au fonctionnaire, ainsi qu’au responsable communal, etc., d’adopter les méthodes actives de travail et les objectifs ambitieux des cadres du secteur privé ». Le roi souligne dans ce sens le «paradoxe » entre l’efficience des acteurs économiques privés et les échecs des agents du public. Enfin, le monarque a défendu dans son allocution l’action des forces de l’ordre, souvent critiquées pour leurs interventions face aux manifestants: «À cet égard, les Marocains ont le droit, et même le devoir, d’être fiers de leur appareil sécuritaire. Et là, je l’affirme avec force et sans la moindre hésitation ni complexe d’infériorité : si certains nihilistes ne veulent ni admettre ni proclamer cette vérité, c’est leur problème à eux seuls ».