Dans l’état actuel de nos connaissances, nous ne sommes pas en mesure de dire qui est arabe et qui est berbère en Afrique du Nord, pas plus que nous ne saurions discerner chez les Français d’aujourd’hui les éléments ligures, ibères, celtiques, germaniques ou romains (Bernard Augustin).
Prenez n’importe quel guide touristique sur le Maroc et vous y découvrirez que la première introduction du pays aux visiteurs étrangers ressemble à ceci : cette terre est peuplée de deux races distinctes, les Arabes et les Berbères. Les premiers occupent les plaines alors que les seconds sont refoulés dans les montagnes.
Explication trop simpliste, mais surtout erronée, historiquement et sociologiquement. Une explication sans doute satisfaisante pour le touriste occidental en quête de clichés prêts à consommer sans poser trop de questions. Le comble, c’est que ces “vérités” bon marché trouvent preneur même parmi nos compatriotes.
Mais qu’en est-il, en fait ?
Dans son livre magistral, Les Arabes, Maxime Rodinson nous met en garde contre cette tentation d’identifier les peuples en tant que “race” ou “ethnie”. “Tous les peuples, dit-il, sont formés d’un mélange d’éléments ethniques dont, le plus souvent, beaucoup se trouvent sur place depuis la préhistoire”. C’est peu dire, s’agissant des Arabes, car même dans la péninsule arabique, « berceau des Arabes», et bien avant que ceux-ci ne surgissent dans l’histoire, s’étaient introduits des Éthiopiens, des Africains noirs, des Iraniens, des Syriens, des Grecs, etc. En plus de cette masse de population d’Arabie qu’on appelait “musta’riba”, c’est-à-dire arabisée. Une deuxième mise en garde s’impose également : il ne faut surtout pas croire que les habitants de la péninsule arabique ne sont arrivés en Afrique du Nord qu’avec la conquête musulmane. Les Orientaux se sont déplacés hors de leur zone sous diverses formes : les Phéniciens sont les plus connus, mais le mouvement des tribus et des hommes n’a jamais cessé.
Par Mohamed El Mansour
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