Le 24 août 1994, un groupe de jeunes ouvre le feu sur des touristes dans le hall de l’hôtel Atlas Asni de Marrakech. Le Maroc, que tout le monde pensait épargné par le fléau du terrorisme jihadiste, est au centre de toutes les attentions. Une enquête et un procès plus tard, les zones d’ombres sont toujours aussi opaques. Récit d’une agression fondatrice…
«Ces gamins étaient ensorcelés», soupire Me Chaouch, avocat de la défense durant le procès qui suit l’attentat de Marrakech. Les gamins en question ont commis en cet été 1994 la bêtise la plus grave de leur existence. Organisés en plusieurs commandos, ces jeunes originaires essentiellement des banlieues françaises ont osé s’attaquer à un pays, le Maroc. Trois d’entre eux errent toujours dans les couloirs de la mort de la prison centrale de Kénitra. Tel est le prix à payer pour ces jeunes endoctrinés d’une mouvance nouvelle et terriblement violente, l’islamisme radical. Au Maroc, il débarque sans crier gare. Connu pour la dureté de son régime, le royaume ne l’est sûrement pas pour son insécurité. Havre de paix et source de soleil pour les touristes étrangers qui commencent à y débarquer en masse, le pays s’affiche comme le faux jumeau d’une Algérie en proie à une sanglante guerre civile. Car de l’autre côté d’une frontière encore ouverte, c’est le chaos. Depuis l’annulation des élections censées porter au pouvoir le Front Islamique du Salut (FIS) en décembre 1991, le pays est déchiré. Les islamistes dénoncent un coup d’État des généraux et prennent immédiatement le maquis.
Par Sami Lakmahri
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