Sur les jbels de l’Anti-Atlas, le village Assads, ses habitants, sa grotte et son «agadir» sont assurément un de ces endroits qui captivent, qui laissent d’étranges sensations chaque fois que le visiteur y met les pieds. Retour sur un voyage d’un demi-siècle, parsemé de rencontres inespérées…
Nous sommes en 1961. L’Office National de l’Irrigation du Maroc (ONI) désire renouveler les canaux d’irrigation, les séguias, dans plusieurs localités de l’Anti-Atlas. Il lui faut le profil en long, la coupe et le plan d’une vallée à Ama lou n’fri, à environ 35 km au sud de Taroudant, près d’Assads. C’est mon frère, géomètre à Agadir, qui doit faire ce plan. Je vais l’aider. J’ai 20 ans et je suis en vacances chez lui après une première année d’université à Rabat. Notre destination promet une immersion de quelques jours dans un pays magnifique. L’eau de «notre» séguia provient d’une grotte, d’où, je crois, son nom, Ama lou n’fri (serait-ce au fait Amman lou n’fri, «l’eau de la grotte» en amazigh?). Tout excités, nous imaginons cette grotte pleine de mystères. Nous voici partis. Nous voici arrivés. La séguia coule sur près de 5 km, le long de la vallée et finit au village d’Assads dans un périmètre irrigué. Le village, lui, est dominé par la ruine toujours imposante d’un agadir, c’est-à-dire d’un grenier fortifié. On dirait une transmutation de la falaise de 400 mètres qui forme le pilier sud de l’entrée de la vallée. Les couches de roc, d’un rose ocré, légèrement festonnées nous enchantent.
Par louis de Pasquier
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