Tour à tour journal officieux du Makhzen, puis porte-parole d’une élite nationaliste, Lissan-ul-Maghreb est l’ancêtre de la presse officielle.
Le premier numéro de Lissan-ul-Maghreb parait à Tanger le 8 février 1907. Le journal ne vivra en tout et pour tout que 84 numéros. Pourtant, il reste, encore aujourd’hui, une référence historique. Les grandes figures du nationalisme marocain, comme Allal El Fassi, Mohammed Hassan El Ouazzani et plus tard, les dirigeants de l’UNFP (Union nationale des forces populaires), n’ont eu de cesse d’y faire référence dans leur discours. Toutefois, la publication reste assez méconnue, et les historiens du XXe siècle qui la citent déforment d’ailleurs très souvent son nom, écrivant tantôt Lissane al Maghrib ou encore Lissan Almaghreb etc. Toujours est-il que les raisons de cette popularité plus que centenaire sont encore obscures. Certes, Lissan-ul-Maghreb est parfois considéré (à tort) comme le premier journal marocain, mais cela ne peut suffire comme titre de gloire. D’autant que le périodique Al Maghrib parait bien avant lui, le premier numéro datant de 1889. Mais avant d’apporter des éléments de réponse, il s’agit de se replonger dans le contexte de l’époque. Un texte d’abord, pour camper le décor. Ce passage publié dans les colonnes du journal Almaghrib Aljadid, à la montée sur le trône de sultan Abdelhafid en 1908, est révélateur à plus d’un titre : «Vu le fait que la réforme est une puissante exigence de notre temps, que la jeunesse d’aujourd’hui ne cesse de montrer son enthousiasme pour s’y engager et sachant que Sa Majesté le nouveau sultan connait bien son caractère impératif, nous ne nous épargnons aucun effort pour y appeler sa Majesté à longueur des pages de journaux », peut-on ainsi lire.
Par Maâti Monjib
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