A ses débuts, le célèbre front indépendantiste recherchait le soutien… du Maroc. Comment le royaume a raté une bonne occasion d’influencer le nationalisme sahraoui, tandis que le Polisario prenait sa forme actuelle.
Nous sommes le 10 mai 1973, quelque part dans le grand désert, au sud-est du Sahara espagnol. Une centaine de Sahraouis tiennent congrès. Ils viennent du Maroc, du Sahara sous occupation espagnole et de Mauritanie. Ils fondent le Front populaire pour la libération de Saguia El Hamra et Rio de Oro, plus connu sous l’acronyme espagnol Polisario. Ils élisent un bureau politique de 21 membres et un comité exécutif plus restreint. L’objectif proclamé est la libération du Sahara par une lutte armée populaire de longue haleine. Le leader du front est un Rguibi de 25 ans qui porte le nom d’El Ouali Ould Mostapha Ould Sayed, «Loulei» pour les intimes.
Dès la fin du congrès, une douzaine de jeunes préparent, dans une ambiance fiévreuse, une opération commando assez délicate. Leur cible est El Khanga, un poste militaire espagnol situé à quelques lieues. Ils ne veulent ni tuer (les tropas nomadas sont des Sahraouis comme eux), ni se faire tuer. Or non seulement leur armement est obsolète et hétéroclite, mais il y a plus d’hommes que de fusils. Le groupe est mal organisé et sa logistique laisse à désirer. Manquant d’eau, les apprentis guérilleros envoient deux d’entre eux en chercher dans un puits à quelques kilomètres. Manque de chance : une patrouille espagnole les intercepte et les met aux arrêts. L’un des deux prisonniers n’est autre qu’El Ouali himself.
Par Maâti Monjib
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