Au delà de l’image d’Epinal d’une nation qui s’est forgée durant des siècles, avec ses différences et sa mosaïque d’ethnies, de langues et de confessions, réside une réalité plus nuancée et complexe. Cette diversité culturelle et sociale cache aussi des conflits d’identité, des oppositions entre les différentes communautés qui composent le Maroc et une stratification sociale, parfois forte et brutale. Racisme, esclavage, clivages ethniques et discriminations forment quelques aspects de cette culture d’exclusion et de rejet. Dans ce dossier Zamane revient sur l’histoire de ces discriminations au Maroc selon la langue, la race ou la religion. Une histoire qui pourrait également expliquer certains travers actuels de la société marocaine actuelle comme le racisme à l’égard des subsahariens.
C’est un récit que les chroniqueurs du soufisme au Maroc rapportent pour illustrer le degré d’obéissance des disciples à leurs maitres mystiques : un jour, un riche commerçant de Bejaïa, en Algérie, offre une esclave noire à Abou Madyan, grande figure du soufisme maghrébin. Ce dernier la prend comme épouse, uniquement pour exhausser la prophétie de son guide défunt qui lui a promis d’avoir une descendance glorieuse, fruit d’un mariage avec une esclave abyssine. Mais au bout de quelques années de vie conjugale, le cheikh Abou Madyan, qui ne voulait pas au départ de cette femme, décide de la quitter. Il s’en ouvre à son disciple Abderazzak Al Jazouli et demande son avis. Pour prouver son attachement à son guide, l’élève propose d’épouser cette esclave. Surpris par la demande de son disciple, Abou Madyan lui fait remarquer qu’il était quasiment interdit au sein de latribu berbère de Masmouda, dont Abderazzak est originaire, d’épouser des noirs.
Par la rédaction
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