Début avril dernier, Catherine Horel a visité le Maroc pour le compte du Comité International des Sciences Historiques (CISH). Accueillie à Rabat dans les locaux de l’institution Archives du Maroc, elle explique à Zamane la nature de son organisme et les raisons de sa visite.
Qu’est-ce que le CISH ? Quel est l’objectif de votre séjour au Maroc ?
C’est un organisme international créé en 1926 en Suisse sous l’égide de la SDN (Société des Nations), ancêtre de l’ONU. L’idée de base était de discuter sur la nature et les raisons des conflits armés. Mais jamais, hélas, un historien n’a pu empêcher une guerre. Nous avons compris, depuis, que les conflits font partie de nos terrains de recherche. Le siège administratif théorique du CISH est à Genève, mais nous le bureau se réunit à Sciences Po Paris. Nous sommes une institution dématérialisée dans le sens où la plupart des membres du bureau sont, par définition, à l’international. Nous nous réunissons en assemblée générale deux fois par an à différents endroits, généralement invités par un de ses un membres. Depuis deux ans, nous profitons de ces occasions pour organiser un colloque dans lequel nous pouvons échanger avec les historiens du pays hôte. Le bureau du CISH est composé de douze personnes, et nous souhaitons que ses membres représentent tous les continents et, si possible, toutes les périodes de l’histoire. Le rendez-vous le plus important pour nous est la tenue d’un grand congrès, organisé tous les cinq ans. Cet évènement rassemble des milliers d’acteurs liés à la recherche historique venant du monde entier et qui débattent sur des sujets que l’on souhaite à portée universelle. Je suis en visite au Maroc d’abord pour répondre à l’aimable invitation de l’AMRH (Association Marocaine pour la Recherche Historique) qui est par ailleurs membre du CISH. L’objectif est de rencontrer les chercheurs marocains, échanger avec eux et communiquer sur l’actualité de l’organisme.
L’AMRH est une association non étatique. Est-ce le cas de tous vos partenaires à l’étranger ?
Non, d’autres comités dans certains pays sont des émanations de l’Etat, et ce même s’il s’agit d’associations. Notamment dans les pays qui ne sont pas démocratiques comme la Chine où le comité dépend directement de l’Etat. Nous éprouvons des difficultés à travailler avec ce genre de comité car nous savons que les historiens indépendants n’en font pas partie. Ces groupes sont peu actifs dans leur collaboration avec nous car ils savent qu’ils ne sont pas représentatifs. En revanche, nous savons reconnaître les vraies associations, comme c’est le cas au Maroc ou en Australie, deux comités qui éprouvent d’ailleurs des difficultés à verser leurs cotisations annuelles au CISH.
Propos recueillis Sami Lakmahri
Lire la suite de l’interview dans Zamane N° 78