Starve your dog, le quatrième long-métrage de Hicham Lasri, qui redonne vie à Driss Basri, mêle à la fois histoire et fiction. Un mélange des genres qui parvient à restituer l’atmosphère d’une époque.
De ses souvenirs d’enfance, marqués par les années de plomb, Hicham Lasri a fait un long-métrage. Starve your dog (Affame ton chien) est un «bad-trip historique», selon son réalisateur, où Driss Basri, l’incarnation des années de plomb, n’est pas mort et fait même son come-back à la télévision. Actuellement projeté dans les Instituts français du royaume -un choix de Hicham Lasri, qui estime être boudé par les distributeurs marocains- et préalablement sélectionné par le prestigieux Festival international du film de Toronto (TIFF) en septembre 2015, Starve your dog s’interroge sur les traces de l’histoire laissées dans l’inconscient collectif, le système et le pouvoir. « Petit, j’ai dessiné le roi sur une feuille de papier et ma mère n’a pas su comment réagir, alors elle l’a cousue dans un oreiller. A travers mon film, j’ai voulu réfléchir à ces réflexes mécaniques de peur. Basri me semblait le meilleur prisme pour parler de cette époque marquée par la répression. Il a marqué notre pays, mais c’est aussi un parcours universel, celui d’un homme puissant qui a fini au placard », explique Hicham Lasri. Si le long-métrage s’appuie sur des faits exacts et un travail de documentation, il s’agit d’une « fiction qui prend source dans le réel ». Néanmoins, « l’odeur nauséabonde du passé» est restituée, et le film n’hésite pas à «dire les choses ». Au point d’ailleurs que Hicham Lasri a ressenti un certain malaise auprès du public marocain. Preuve que le passé est toujours présent.