Traditionnaliste à ses débuts, le Collège musulman de Fès deviendra, à travers ses élèves nationalistes, plus ouvert sur le modernisme. Tellement ouvert que ces mêmes élèves, future élite, défendront un idéal nommé bilinguisme.
L’évocation de la genèse puis l’évolution du Collège musulman de Fès comme institution d’enseignement « moderne » pendant le Protectorat français au Maroc, plusieurs interrogations de taille semblent systématiquement s’imposer : comment la problématique de l’éducation des Marocains a-t-elle été posée par le Protectorat lors de la création de ce collège ? Comment les Marocains ont-ils réagi à la création de cet établissement ? Comment cette problématique a-t-elle évolué au cours de la période coloniale et quels sont les facteurs qui ont contribué à cette évolution ? Et enfin, quel a été l’impact du Collège musulman de Fès sur l’évolution du Maroc pendant la période du Protectorat. L’évolution de la problématique de l’enseignement au Collège musulman de Fès pendant la période coloniale paraît dominée par un phénomène essentiel : le conflit entre les Français et les Marocains. Sauf qu’à l’origine de ce même conflit, réside un autre phénomène non moins important : l’acculturation. Dans cette configuration de causalité, on retrouve deux caractéristiques principales de tout système d’éducation colonial. L’éducation coloniale est essentiellement un processus d’acculturation visant une « socialisation à la dépendance ». Mais, de par son caractère étranger, elle heurte la pratique éducative et culturelle de la société colonisée qui se partage à son sujet en deux clans : les tenants de l’enseignement « moderne » et ses opposants. Dans ce conflit, les anciens élèves du Collège prennent le parti de l’enseignement « moderne » qu’ils contribuent à promouvoir contre la volonté des traditionalistes.
Par Mekki Merrouni
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