Du premier projet constitutionnel, celui de Ali Bey en 1817, à la réforme annoncée par Mohammed VI le 9 mars dernier, voilà près de deux siècles que le Maroc cherche la constitution de ses rêves. Farfelus, utopistes, rétrogrades ou modernistes, tous ces projets ne se valent pas, ils ont pourtant le mérite de poser les termes du débat.
Pour la plupart des historiens, le premier texte constitutionnel rédigé pour le Maroc date du 11 octobre 1908. Publié dans le journal Lissan Ul Maghreb, ce texte n’était qu’une adaptation de celui de la constitution ottomane, renouvelé l’été de cette même année. Il a été rédigé par un groupe de journalistes qui cherchaient à influencer le nouveau souverain Moulay Abdelhafid afin d’établir certaines limites à son gouvernement. L’intérêt du document, comme le signale Abdallah Laroui dans Origines sociales et culturelles du nationalisme marocain, réside «dans la mesure où le peu de Marocains qui collaborèrent à son projet, transmirent l’idéal constitutionnaliste aux leaders du nationalisme pendant le protectorat».
Et pourtant, presque cent ans auparavant, vers 1817, un voyageur espagnol rédigeait La Constitution des Peuples d’Occident, un texte de 31 articles où il se propose lui-même comme Sultan du Maroc. Il s’agit du fameux Domingo Badía i Leblich, alias Ali Bey, qui parcourut le Maroc et fit la narration de son périple dans un livre édité pour la première fois à Paris en 1814, en langue française, sous le titre Voyages d’Ali Bey El Abbassi en Afrique et en Asie pendant les années 1803, 1804, 1805, 1806 et 1807. Cette histoire, qui semble presque être du domaine de la légende, mérite pourtant d’être racontée pour ce qu’elle révèle des rapports de l’époque entre les deux pays voisins, l’Espagne et le Maroc, et parce qu’elle suggère un thème qui n’a en rien perdu de sa vigueur depuis 200 ans: les limites du pouvoir politique de la royauté. Le texte, pur produit de l’imagination de l’auteur, est conservé aux Archives historiques de Barcelone.
Par la rédaction
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