Comment parle-t-on de sexualité dans nos sociétés ? Le fait-on différemment de nos ancêtres ? L’Histoire a-t-elle modifié notre rapport au sexe ? L’actualité stigmatise notre culture à ce sujet. Pourquoi et comment en sommes-nous arrivés là ? Autant de questions pressantes qui méritent pourtant une sage réflexion. Jocelyne Dakhlia s’y est attelée.
La question de la sexualité dans le monde arabo-musulman est en ce moment au cœur de l’actualité sociétale et littéraire. Est-ce un « effet de mode » ou ce sujet a-t-il toujours été débattu dans nos sociétés? Dans des temps plus reculés, comment nos sociétés abordaient-elles cette question ?
Cette question est à la fois actuelle, ancienne et structurelle. Il faut la lire sur ces trois plans chronologiques. Sur le temps long, et donc sur le plan structurel, il y a toujours eu beaucoup de discours et de débats internes sur la sexualité, et ce dans l’ensemble du monde islamique. C’est ce foisonnement de discours qu’il faudrait se remettre en mémoire aujourd’hui, à la fois une littérature érotique, poétique ou divertissante, une littérature médicale relative au corps et à la sexualité, y compris relative au corps féminin, et des discours juridiques discutant le caractère licite ou non de telle ou telle pratique… La sexualité n’était donc pas un tabou dans le Maroc du XIVème siècle ou du XVIIème, ce qui ne veut pas dire que tout y était licite et possible à tout moment. Ce qui me paraît intéressant est qu’on ne peut opposer simplement.
Propos recueillis par Sami Lakmahri
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