C’est vrai qu’on le pensait immortel. Monstre sacré du rock n roll et du blues revus à la française, sans qui ce pays n’aurait d’ailleurs jamais connu cette musique, performer hors pair, machine à distribuer du rêve et des émotions, Johnny Hallyday s’est malgré tout éteint dans la nuit du 5 au 6 décembre, à 74 ans. Alors qu’il avait annoncé être atteint d’un cancer du poumon il y a un an, les fans du chanteur ainsi que les médias, mais pas seulement, suivaient de près l’état de santé du rockeur ; et croyaient fermement à un « miracle ». Il n’a pas eu lieu. Moitié-belge, moitié français, Johnny Hallyday, de son vrai nom Jean-Philippe Smet, voit le jour à Paris en 1943. Abandonné par son père, élevé par sa tante, Jean-Philipe va vivre une vie d’« enfant de la balle ». A partir de trois ans il est embarqué sur les routes par sa tante et ses deux cousines, danseuses acrobatiques. La tante finit par épouser un américain à Londres, Lee Lemoine Ketcham, véritable père de cœur pour Jean-Philippe. La troupe se baptise « les Hallyday ». Un peu élève au conservatoire, un peu saltimbanque, Jean-Philippe devient un mordu de rock n roll et abandonne le violon pour la guitare. A partir de 1958, Jean-Philippe veut devenir rockeur. Il est soutenu par sa famille de substitution, qui est persuadée que cette musique, encore inconnue en France, peut s’imposer. Jean-Philippe devient Johnny Hallyday. Le jeune homme, timide mais beau comme un dieu, fréquente le fameux Golf Drout à Paris, se fait remarquer et signe alors son premier contrat d’album avec Vogue en 1960. Sur son passage il casse tout, le cœur des jeunes filles, comme les chaises de concert tant la foule est en délire. Au début, Johnny est considéré comme un simple chanteur pour midinettes. Puis, ses rocks violents, voire contestataires, font de lui l’idole des jeunes. Mais, au tournant des années 70, Johnny s’adoucit, place à la folk, la country music, voire à la variété. Du coup, au début des années 1980, sa carrière prend du plomb dans l’aile. On le prend pour un beauf un peu has been. Jusqu’à ce qu’au milieu des années 1980, un milieu parisien un peu intello-bobo-nouvelle vague ne s’intéresse à lui, ce chanteur à la voix surpuissante, qu’il dit d’ailleurs travailler « à la gitane ». Michel Berger lui écrit des chansons iconiques, le blues revient peu à peu dans ses musique, l’esprit rock n roll aussi. Johnny, la bête de scène, performer à l’américaine, s’érige peu à peu en monument national. Au point d’arriver à ses concerts au Stade de France en hélicoptère. Bigger than life Johnny.
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