Grand écrivain espagnol et grand amoureux du Maroc, il est mort à Marrakech à l’âge de 86 ans. Il était avant tout l’ami et le porte-flambeau des laissés pour compte et des damnés de la terre.
En arpentant le vestibule de la maison de Juan Goytisolo, dans la médina à Marrakech, pas loin de la place Jamaâ El Fna, le visiteur ne manquera pas de constater trois portraits qui en ornent l’entrée: un d’Abou Jihad, le héros de l’Intifada, tué par le Mossad, un autre d’une figure bosniaque qui a trouvé la mort dans l’épuration ethnique, puis un troisième de Doudaev, chef tchéchène qui, lui aussi, a trouvé la mort dans le combat contre les Russes. Comme si Juan annonçait la couleur de son identité politique. Il était du côté des proscrits et le dernier d’une lignée qui avait donné à l’humanité de grands noms, comme Sartre, Franz Fanon ou Albert Memmi. Plus loin dans le couloir qui mène au patio, des calligraphies en arabe, ou plus exactement, en graphie andalou-maghrébine. L’Espagnol qu’il était intégrait toutes les séquences de l’Ibérie, la langue de Cervantès, bien sûr, qu’il maniait avec un inégal bonheur, mais aussi le passé musulman, produit de la même sève, du même génie. On rentre après dans un patio qui garde la mémoire des deux rives.
Par Hassan Aourid
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