Voyageuse du XIXe siècle, Emily Keene reste une figure au parcours atypique. férue de la vie mondaine anglaise, Elle entame son voyage du Royaume-Uni et finit par s’installer au Maroc. Récit d’un séjour qui aura finalement duré le temps d’une vie.
En ce milieu du XIXe siècle, l’Empire britannique vit déjà son époque de gloire. Il contrôle les mers, domine l’économie mondiale et joue parfaitement son rôle de «policier du monde». C’est à cette période qu’Emily Keene voit le jour, plus exactement en 1850. À Londres, où elle grandit et passe ses premières années de jeune anglaise, Emily est entourée de jeunes de son âge, gouvernés par leurs idéaux : ceux qui s’éprennent d’orientalisme et de ces mystérieux pays racontés par la presse de l’époque et ceux épris du Londres mondain et de son aristocratie. Emily Keene n’est pas de ceux-là. Elle est curieuse, avec un goût particulier pour la découverte.
En 1872, alors qu’elle n’a que 22 ans, Keene a déjà l’idée de se rendre en Afrique. Dans le livre de Latifa Benjelloun-Laroui, Les Voyageuses occidentales au Maroc 1860-1956, l’auteure écrit que «les voyageuses anglaises qui débarquent à Tanger n’ignorent pas que la ville a été, de 1661 à 1684, possession personnelle du roi d’Angleterre acquise par son mariage avec une princesse portugaise. Quand elles accostent à Tanger à bord de leur yacht privé comme Lady Anne Brassey, ou qu’elles descendent d’un steamer parti de Gibraltar, Tarifa, Cadix, ou Malaga, elles ne sont donc pas en terre inconnue». En revanche, Emily Keene ne connaît encore du Maroc et de l’Afrique que ce que rapportent ses contemporains parmi les voyageurs. Plus tard, elle sera de celles qui feront Gibraltar, Tanger, Tétouan, Sebta, Oran et Ouezzane. Sur place, elle s’occupera de la gestion de la zaouïa de Dar Damana. Elle devient chérifa après son mariage avec le Grand chérif d’Ouezzane.
Par Ghita Zine
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