Dès la fin du XIXème siècle, la France, dont les ambitions impérialistes visent le Maroc, profite d’un empire chérifien aux abois pour vendre sa “solution miracle” : une banque d’Etat, pour sauver le pays de la faillite, en échange de sa souveraineté. chronique d’une fausse bonne idée.
Si les dettes, les banques et la finance suscitent la méfiance, voire la défiance, dans l’inconscient collectif, c’est qu’il existe la mémoire et donc l’histoire. Concernant le Maroc, c’est justement une crise financière et l’endettement auprès des puissances étrangères qui ont porté un coup fatal à la souveraineté du pays et permis l’établissement du Protectorat. On pourrait parler de «colonialisme par la dette» quand la France, à l’époque, évoquait pudiquement une «pénétration pacifique». Exit les conquêtes militaires en fanfare, place à la domination insidieuse par l’argent. Et pour ce faire, les autorités françaises, les hommes d’affaires et les grands groupes financiers ont imaginé, dès 1889, un projet ambitieux : une banque d’Etat, «détentrice de tous les monopoles financiers du gouvernement chérifien, mais dont le capital serait français, et les structures et le personnel soumis au contrôle de la France. Un tel organe deviendrait la clé de voûte de la prépondérance française au Maroc qui ne garderait de son ancienne indépendance qu’une façade traditionnelle», écrit Magali Chappert, historienne spécialiste de la colonisation, dans «Le projet français de banque d’Etat au Maroc, 1889-1906».
Par Nina Kozlowski
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