En 1895, en pleine tension entre le Maroc et l’Espagne, l’ambassadeur Abdelkrim Bricha est agressé par un général espagnol à Madrid. L’incident prend vite les dimensions d’une affaire d’État, avant que le destin ne «se charge» de venger Bricha.
Ála fin du XIXe siècle, au moment où les rapports entre le Maroc et l’Espagne se recomposaient lentement après quelques décennies sanglantes, un grave incident diplomatique secoua les difficiles relations entre Fès et Madrid. En 1895, alors qu’il se trouvait à Madrid, Abdelkrim Bricha, érudit tétouanais, membre d’une riche famille de cette ville du nord du Maroc, ambassadeur extraordinaire du Maroc et envoyé spécial du sultan Moulay Abdelaziz, faillit provoquer un grave incident diplomatique qui ne fut évité que grâce à l’intervention personnelle de la régente d’Espagne, la reine Marie-Christine d’Autriche. Celle-ci dut néanmoins faire des excuses publiques au Marocain.
L’épisode de la guerre
L’affaire commença une année plus tôt, loin de Madrid. Le 28 octobre 1893, le gouverneur de Mélillia, Juan Garcia Margallo, est tué alors qu’il tentait avec 2000 soldats de rompre le blocus de l’enclave imposé par des milliers de Rifains. Ces derniers étaient descendus en force des montagnes environnantes, avec le renfort de presque 6 000 autres fusils, pour expulser un avant-poste militaire espagnol qui s’était installé à côté d’un marabout. Plus de 100 soldats furent tués dans la bataille et avec eux le général Garcia Margallo qui reçut trois balles dans la tête. Mais l’élément déclencheur de la crise qui allait se nouer à Madrid fut la manière avec laquelle les Rifains traitèrent le cadavre de l’officier. Ce dernier fut mutilé. Certains historiens évoquent une probable émasculation.
Younes Messoudi
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