L’image du Marocain dans l’imaginaire collectif des Espagnols remonte à la politique d’unification instaurée par les Rois catholiques au XVIe siècle. L’affirmation de l’identité hispanique va impliquer le refus de «l’autre». Réduit à l’image stéréotypée de « maure », ce dernier renvoie à la fois au Marocain, au Maghrébin et au musulman.
Pour comprendre les images historiques du «maure» dans la mémoire collective des espagnols, il faut retracer les antécédents historiques qui ont modelé l’image que les Espagnols ont du «maure». Cependant, cette contribution se contente d’étudier le cas du « maure » au XXe siècle, une période coïncidant avec le protectorat espagnol au nord du Maroc et plus particulièrement lors de la guerre civile espagnole (1936-1939), qui avait opposé d’une part les troupes franquistes contre les troupes républicaines socialistes et les communistes d’autre part. Tout au long de la période allant de 1909 à 1927 (la défaite du Barranco de Lobo et la défaite d’Anoual), l’image satirique et burlesque du Marocain avait coexisté avec celle de l’ennemi qu’il fallait inexorablement écraser. Car, en plus de la résistance guerrière, la facilité avec laquelle certaines tribus rifaines passaient du statut d’allié à celui d’ennemi aux troupes espagnoles avait, entre autres, favorisé chez les Espagnols l’idée que les Marocains étaient des traîtres. Cette image a été associée à une autre, considérée comme inhérente au Marocain rifain : le mythe de la férocité et de la sauvagerie qui explique la naissance des troupes appelés Regulares (troupes régulières) et qui dépendaient théoriquement du Khalifa.
Par Driss Benyahia
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