Surnommer un souverain pour mémoriser ses qualités ou ses réalisations, est un phénomène ordinaire. Ce qui est par contre moins courant, c’est d’attribuer le même surnom à un grand nombre de souverains appartenant à des dynasties et des époques différentes. C’est le cas du «Sultan Noir» (as-Soultane Lak’hal).
Qui sont d’abord les sultans en question ? Déroulons la liste, peut-être incomplète, selon la succession chronologique : l’Almohade Abû Ya’qûb Yûsuf (1163-1184) ; son fils Abû Yûsuf Ya’qûb al-Mansûr (1184-1199) ; son petit-fils an-Nâsir ibn Ya’qûb al-Mansûr (1199-1213) ; le Mérinide Abû Ya’qûb Yûsuf (1286-1307) ; son petit-fils Abû-l-Hasan b. Othmân b. Ya’qûb b. Abd al-Haqq (1331-1351) ; un Saâdien, fils d’Ahmed al-Mansûr ; et le Alaouite Ismaïl ibn Chérif (1672-1727). Pour expliquer le surnom, nous rencontrons deux premières pistes. Les historiographes évoquent la fréquence du teint foncé à travers les lignées des souverains marocains. Le trait est signalé de manière explicite dans les chroniques relatives à Ya’qûb al-Mansûr, Abû-l-Hassan al-Marînî, de mère éthiopienne, et Ismaïl dont la mère était une esclave noire offerte à son père durant sa captivité chez Bouhassoun, chef de la zaouïa d’Ilîgh. Il en gardera un «teint mat prononcé».
Par Abdelahad Sebti
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