En 1952, Casablanca se dote d’un édifice religieux unique en son genre. L’église du Sacré-Cœur souhaite porter haut la foi chrétienne tout en gardant une identité locale. Un défi à la hauteur de ses ambitions.
Impossible de circuler sur le Boulevard Rachidi à Casablanca sans jeter un regard à cet imposant bâtiment tout de blanc vêtu. Le lieu est aujourd’hui le point de rendez-vous quotidien des jeunes du quartier qui se livrent, devant sa façade, à d’incessantes parties de football. L’œuvre de l’architecte français Paul Tournon n’a pourtant rien de commun. Considérée comme une référence dans le paysage architectural casablancais, l’église n’ouvre désormais ses portes à des activités culturelles que de façon épisodique. Imaginée sous l’époque du Maréchal Lyautey, sa construction dure finalement plus de deux décennies. Une fois achevée, le Protectorat ne se doute pas alors qu’il vit ses dernières années en terres marocaines. L’année de son inauguration, la population européenne de Casablanca dépasse les 160 000 personnes. Parmi elle, beaucoup sont des chrétiens pratiquants. La ville est certes dotée de plusieurs lieux de culte destinés à leurs adeptes, mais les édifices revêtent le plus souvent un caractère d’église de quartier. Les autorités françaises caressent donc le projet de bâtir un monument qui soit à l’échelle de la ville, voire même du pays. C’est dans cette optique que le lieu choisi pour abriter le Sacré-Cœur est si proche du centre-ville. Situé à la périphérie du grand jardin Lyautey (aujourd’hui, Parc de la Ligue Arabe), l’Église est à seulement quelques pas des principaux centres administratifs de la cité blanche, comme la Poste ou le Tribunal de première instance.
Par Sami Lakmahri
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