L’islam, vécu comme religion et comme système politique à ses débuts, devait inévitablement évoluer pour maintenir vivante la flamme. Le soufisme est né de ce souci. Et les soufis continuent d’entretenir la flamme.
Il fut un temps où soufisme signifiait dévouement spirituel du croyant envers le Créateur. C’était aux débuts de la mystique islamique qui ne s’est développée que plusieurs générations après la mort du Prophète. Après le XIIème siècle, l’islam spirituel va connaître une profonde mutation quand la personne du Prophète devient le centre de la piété soufie.
Dans l’Occident musulman, le soufisme muhammadi est associé avec les noms de quelques figures éminentes du soufisme, comme Al Cadi Ayyad Sebti (mort en 1149) et Muhieddine Ibn Arabi (1165-1240). Le premier est connu pour son œuvre «Kitab al shifa bi ta’rif al mustafa (La guérison par la connaissance des droits du Prophète élu). Pour Cadi Ayyad, le Prophète Muhammad est le modèle édifiant, la uswa hassana, ou l’imitato muhammadi. Mais l’idée selon laquelle le Prophète était « l’homme exemplaire » a été formulée pour la première fois par le célèbre mystique andalou Ibn Arabi dans son livre Al futuhat al makkiya (Les conquêtes mecquoises). Pour Ibn Arabi, le but du soufi n’est plus l’anéantissement en Dieu, mais l’anéantissement en la personne du Messager de Dieu. Le but ultime est encore Dieu, mais le Prophète devient désormais la manifestation la plus complète du divin. Ibn Arabi est probablement le premier à avoir inventé le concept de «Al insan al kamil», l’homme parfait, ou, pour être plus précis, «l’homme complet». Le Coran, dit-il, insiste sur le fait que Muhammad a «une morale exemplaire» qui, pour Ibn Arabi, est une référence à la perfection du Messager et la réalisation en sa personne des potentialités divines exprimées par les Noms de Dieu.
Par Mohamed El Mansour
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