La mission civilisatrice du colonialisme n’avait pas programmé d’éduquer les peuples qu’il entendait civiliser. Il comptait juste leur prodiguer le strict minimum pour en faire les petites mains dont il avait besoin pour s’incruster durablement dans ces sociétés.
Cet été, une photographie réunissant les professeurs d’un établissement scolaire marocain à la fin des années 1960 s’est rapidement propagée sur les réseaux sociaux, suscitant commentaires et interrogations de la part des internautes. Beaucoup ont salué l’image de modernité et de sérieux qu’elle renvoyait, regrettant par la même occasion la décrépitude que connaît actuellement notre système éducatif. Certains, beaucoup moins nombreux, ont reconnu sur la photographie Abou Bakr El Kadiri, l’un des signataires du Manifeste de l’indépendance, coiffé de son traditionnel tarbouche, assis au milieu des enseignants de l’institution Nahda de Salé, établissement qu’il avait fondé dans les années 1930 et qu’il a personnellement dirigé pendant près d’un demi-siècle. En 1968, année où a été prise la photographie, l’institution Nahda, qui dispensait ses cours principalement en langue arabe, était l’un des établissements scolaires les plus réputés du Maroc nouvellement indépendant. Pourtant, son histoire, et avec elle, celle de toutes les « écoles libres » de l’époque du Protectorat, ne s’est pas écrite dans l’aisance et la facilité. Elle fut au contraire marquée par la lutte acharnée des hommes et des femmes du Mouvement national pour le droit à l’éducation et à l’émancipation du peuple marocain.
Par Mehdi El Kadiri
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