Habitué à côtoyer les grands de ce monde, Moulay El Hassan a grandi en ayant conscience de son destin, avec une certaine arrogance parfois, des coups de sang et quelques complexes. Récit.
Difficile d’imaginer que Hassan II, le défunt roi, ait pu un jour être enfant. Et pourtant si. Un enfant choyé même, tombé entre les mains d’un père dévoué, qui a mis en place toutes les conditions pour élever son fils au rang de monarque. Un enfant très proche de la France aussi, puis un adolescent, souvent trublion, en rébellion contre le Protectorat.
A Rabat, au cœur de l’été brûlant, le cri d’un nouveau-né retentit au palais royal. Ce 9 juillet 1929, la Cour est en émoi. Les couloirs de la résidence impériale sont peu à peu gagnés par les chuchotements et les exclamations de joie. Lalla Abla, la première épouse du sultan Mohammed Ben Youssef, a donné naissance à un enfant, le premier. Et un garçon de surcroît. Lorsqu’il apprend l’heureuse nouvelle, Sidi Mohammed effectue un voyage officiel en France, plus précisément à Bagnères-de-Luchon. Ne pouvant annuler sa visite et rallier la capitale marocaine, il se fend néanmoins d’un message quasiment prophétique pour l’avenir du nouveau-né : « Implorez Dieu qu’en son infini miséricorde, Il fasse suivre au prince qui vient de naître la même voie que son aïeul afin qu’il l’égale en mérite dans ce monde aussi bien que dans l’autre ». Le sultan fait référence à Moulay El Hassan Ier ; l’arrière-grand-père du nouveau-né, avec lequel il partagera le même prénom. Le petit El Hassan naît à une époque où le Maroc est partagé en plusieurs zones : une zone administrée par l’Espagne, une autre par la France, la « Zone internationale » de Tanger, le Sahara, Sebta, Melilia… Père à seulement vingt ans, Sidi Mohammed Ben Youssef prend l’arrivée au monde de son fils comme une bénédiction. Lorsque viendra le moment de passer à l’action contre la France et l’Espagne, Moulay El Hassan sera en âge de l’assister, puis peut-être de le remplacer. Dès 1931, il lui décerne d’ailleurs le titre de prince héritier (qui n’est qu’un titre à cette époque et pas une fonction), date à laquelle son entourage se plaît à le surnommer Smyet Sidi.
Par Nina Kozlowski
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