Diplomate français d’origine algérienne, grand commis du Makhzen, Kaddour Ben Ghabrit cumulera, au seuil de sa vie, de malencontreux épisodes, longtemps gardés secrets par ses pairs de l’empire chérifien.
Il pensait avoir mérité une fin de vie paisible, acclamé de son vivant et encensé après sa mort. Ce fut d’ailleurs le cas côté cour, mais côté jardin, les derniers mois et années d’Abdelkader Ben Ghabrit, dit « Si Kaddour », diplomate français d’origine algérienne, dignitaire du Makhzen et lien indispensable entre les autorités françaises et leurs homologues chérifiennes durant plus d’un demi-siècle, furent terribles. Si Kaddour vécut dans une grande aisance financière, mais il n’eut pas droit en 1954, à 86 ans, à une mort sereine et paisible à laquelle auraient aspiré tous ceux qui avaient eu une trajectoire aussi longue et palpitante que la sienne. Personnalité dotée d’une intelligence et d’une clairvoyance certaines, homme des négociations délicates où il a montré un tact extraordinaire, au crépuscule de sa vie il pouvait se targuer d’avoir servi cinq sultans, onze résidents généraux et des dizaines de ministres des Affaires étrangères. Il avait commencé sa carrière dans le vieil empire chérifien à la fin du XIXe siècle, avait installé une partie de sa famille au Maroc, et s’était introduit dans la haute société marocaine de l’époque par le jeu de mariages. Influent, il avait été chef du protocole du sultan, diplomate français au Maroc, président de la Société des Habous et des lieux saints de l’Islam à Alger et enfin directeur de l’Institut musulman de la Mosquée de Paris, sa créature, sa forteresse transformée en ambassade marocaine grâce à sa nomination en tant que ministre plénipotentiaire de Mohammed Ben Youssef en France.
Par Adnan Sebti
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