Artiste reconnu, président de la Fondation nationale des Musées, un carnet d’adresses qui fait rêver, Mehdi Qotbi, allure de dandy, rire communicatif et œil pétillant, revient pourtant de loin, très loin. Son enfance, ses amitiés avec les politiques français et sa proximité avec le roi, l’homme se livre pour Zamane.
En plus de vos responsabilités en tant que président de la Fondation nationale des musées, vous présentez jusqu’au 31 janvier une exposition personnelle intitulée «Rythmiques»
à So Art Gallery (Casablanca). De quoi s’agit-il plus précisément, et surtout, comment trouvez-vous le temps de faire autant de choses à la fois ?
C’est une exposition qui fait écho aux souffrances du monde, j’évoque les drames de l’immigration et l’espoir africain. Toutes ces personnes qui traversent la Méditerranée au péril de leur vie m’ont interpellé en tant qu’homme et en tant qu’artiste. Cela m’a projeté 40 ans en arrière lorsque j’avais traversé la Méditerranée à la recherche d’une nouvelle naissance. Le sujet a intégré une actualité relativement chaude, pour ne pas dire brûlante, mais ce n’était pas calculé. C’est un travail qui a nécessité plusieurs années. Je n’ai pas exposé depuis plus de trois ans, car je suis effectivement très occupé. Mais je crois que tout dépend de la façon dont on gère son temps. Un jour un journaliste m’a dit : “On vous voit partout”, mais c’est parce que je ne perds pas de temps, je vais à l’essentiel et je ne fais attendre personne. Tous les vendredis, samedis, dimanches, je les consacre à mon atelier, c’est comme ça que je conserve mon équilibre, que je respire.
Vous venez d’évoquer votre traversée de la Méditerranée. Avez-vous quitté le Maroc à cause de votre enfance difficile? A quoi ressemblait-elle ?
Mon enfance a été dure, oui. Je ne suis pas à plaindre parce que si je n’avais pas eu l’enfance que j’ai eue, je ne serais pas l’homme que je suis aujourd’hui. Le bon Dieu fait bien les choses. Mon enfance ressemblait aux Misérables de Victor Hugo, j’avais un père très dur. Ça m’embête de le dire parce qu’il est encore vivant et que moi-même j’ai pansé les blessures du passé et j’ai pardonné, car c’est par le pardon qu’on avance. C’était une enfance très dure, parce que lui-même a eu une enfance très dure.
Propos recueillis par Nina Kozlowski
Lire la suite de l’article dans Zamane N° 74