Retour sur la vie et l’œuvre d’un homme que les Marocains ont connu sous le pseudonyme affectueux de« maestro » : Moha Oulhousaïn Achiban.
Moha Oulhousaïn Achiban, le célèbre Maestro de la tribu des Ichqiren, nous a quittés le 19 février 2016 après une longue vie exaltante. C’est un homme qui a sillonné le Maroc et le monde pour jouer l’Ahidous face au public, alors que c’est en cercle retreint que cet art se joue pendant toute une nuit durant laquelle la poésie, les chants, les couplets et les rythmes font alterner des danses courtes ou longues où les spectateurs peuvent et doivent participer. Véritable icône du pays, une sorte d’ambassadeur de l’art, Moha Oulhousaïn a marqué l’histoire de l’Ahidous qu’il a réussi à adapter à la scène moderne.
La légende raconte que c’est le président américain Ronald Reagan qui l’a surnommé Maestro lors d’une présentation à la Maison Blanche. Resté svelte, vif, pétillant jusqu’à un âge avancé, Moha, dans son jeu de l’Ahidous, se distingue par la grâce de sa gestuelle pour diriger le rythme, et pour exécuter quelques pas de danse qui couronnent le jeu de sa troupe, composée d’une vingtaine d’hommes et de femmes tambourineurs, poètes à couplets (Afrradi), chœurs et danseurs. Moha Oulhousaïn est aussi un ancien goumier de l’armée marocaine pendant la période coloniale, qui a participé à la Deuxième guerre mondiale, de Naples à Stuttgart. C’est un autre aspect de cet artiste dont la vie a embrassé le XXème siècle marocain, dans son volet colonial puis après l’indépendance.
Moha fait lui-même le récit de sa vie, et que j’ai personnellement recueilli au cours de l’été 2003, à Azrou n’ Aït Lahcen, non loin de Leqbab. Lors de ces longues rencontres d’entretiens, le Maestro m’a appris qu’il était né le jour de la bataille de Lehri, soit le vendredi 13 novembre 1914, où Moha Ou Hammou Zayani, épaulé par les siens et les tribus alentours, avait défait l’armée française qui cherchait à le capturer, dans un contexte délicat marqué par la Première guerre mondiale (1914-1918).
Par Mustapha Qadéry
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