Ancien résistant et opposant politique, Moulay Abdeslam Jebli, 87 ans aujourd’hui, présente, dans cet entretien exclusif pour Zamane, sa version de faits majeurs de l’histoire du Maroc indépendant, et notamment sur certains coups d’Etat et sur l’implication, réelle ou supposée, des uns et des autres.
Jebli, personnage discret et peu disert, ouvre sa mémoire aux lecteurs de Zamane et dévoile beaucoup de détails exhaustifs et inédits, relatifs à un grand nombre d’événements et d’affaires. Si la mémoire ne fait pas l’Histoire, la version personnelle de Jebli apporte des compléments d’information utiles, voire précieux, quoique subjectifs. Il est question, entre autres, des divergences autour de la construction du Maroc indépendant, des orientations du Parti de l’Istiqlal, des tensions parmi les anciens résistants, des assassinats politiques dont celui, jamais résolu, de Abbas Messaadi, du complot visant à assassiner le prince héritier, etc.
Dans vos mémoires («Feuillets de la résistance», titre original «Awraq Min Sahat Al Moukawama», 2015), vous passez de l’enthousiasme de la résistance pendant l’occupation, à la déception née de la post-indépendance. Comment expliquer ce contraste?
Effectivement, il y a ce sentiment de déception, mais qui date en réalité d’avant l’indépendance, depuis les négociations d’Aix-les-Bains, entre le 22 et le 28 août 1955. J’étais à l’époque encore en prison, et, pour moi, les Français tentaient d’aboutir à une sorte de compromis avec les Marocains et les Tunisiens dans le seul but d’isoler l’Algérie. J’étais très intrigué par ce qui se tramait, et préoccupé par la façon dont nous serions amenés à affronter les grands problèmes d’après l’indépendance.
Propos recueillis par Smail Bellaouali
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