À la fin de 1951, Richard A. Sparske, le responsable de la revue allemande «Diplomaten Zeitung», écrit à la Résidence générale de France au Maroc pour lui demander une contribution à l’histoire du «Sultanat du Maroc». La version des autorités coloniales sera des plus loufoques…
Fondée en 1927 à Berlin, Diplomaten Zeitung avait existé jusqu’en 1943, date de sa disparition. Pour sa réapparution en 1952, Sparske voulait inclure un article sur le Maroc dans le premier numéro de la revue. Après quelques hésitations, les services de la Résidence générale élaborent à l’intention de la revue allemande une sorte de publireportage. Celui-ci est assez sobre et n’a pas la prétention, expliquent ses concepteurs, d’être un texte de « spécialistes ». Il est malgré tout un exemple de vulgarisation intéressée de l’histoire du Maroc. Avec certes des faits avérés, mais aussi quelques petites omissions flagrantes et des non-dits révélateurs de l’état d’esprit français de l’époque. Étalé sur huit pages et débordant de paternalisme bienveillant, le texte est, le moins que l’on puisse dire, très éloigné des textes d’érudits commandés par Lyautey aux savants qu’il a ramenés dans ses bagages au début du XXe siècle. L’auteur commence par exposer savamment l’abondance des sites paléolithiques et néolithiques sur le sol marocain, s’aventure dans quelques pans de l’histoire des Phéniciens et fait référence au fameux Périple d’Hannon le Carthaginois qui a dessiné les côtes marocaines et africaines de l’Océan Atlantique. Mais ceci, prévient-il, n’est pas «l’histoire marocaine», car celle-ci ne commence que plus tard, avec l’ère chrétienne et la domination romaine.
Par Adnan Sebti
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