Au Maroc, la violence est le lot de tous. Mais les femmes, elles, sont victimes de la double peine. À travers l’Histoire, elles ont tour à tour été instrumentalisées, gommées puis reléguées en bas de la liste des priorités. Voici quelques éléments du passé qui éclairent notre présent.
En convalescence à Marrakech dans les années 1930, George Orwell, célèbre écrivain britannique, écrit un essai sans concession sur le colonialisme et la hogra qui sévissent au Maroc. Il y décrit une société pyramidale où les animaux et les femmes sont relégués, plus que les autres, tout en bas de l’échelle. Le trait est certes grossier, mais évocateur. Et si la société marocaine, comme beaucoup d’autres, était déjà patriarcale et traditionnelle, la colonisation européenne dans sa « mission civilisatrice» (même si, encore aujourd’hui, la femme occidentale est loin d’être l’égale de l’homme) n’a pas nécessairement contribué à l’émancipation profonde des femmes. Selon Hayat Zerari, professeure d’anthropologie, qui reformule une théorie de Jacques Berque, sociologue et anthropologue orientaliste : «La colonisation a exacerbé la masculinité de l’homme maghrébin. Privé de la maîtrise de son histoire, il compense en se repliant sur sa foi et sa sexualité. La femme est pour lui un conservatoire de la nationalité vaincue. La famille s’offre comme un refuge où se pansent les blessures qu’inflige à l’homme la situation coloniale. Si la claustration des femmes s’accentue, c’est pour les soustraire au désir des vainqueurs».
Par Nina Kozlowski
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