Pierre Bergé est sur tous les fronts, de la présentation de l’exposition «Femmes berbères» à la vente aux enchères de la collection «Art marocain»… L’occasion pour Zamane de revenir sur le parcours marocain d’un témoin privilégié de Marrakech, depuis les années 1960.
Votre exposition « Femmes berbères du Maroc » était issue de la collection entamée il y a plusieurs décennies avec Yves Saint Laurent. Comment est né ce projet ?
Cette exposition est le fruit de mon choix, de mon désir de créer un musée des arts berbères au Maroc. La première des raisons est liée à mon sentiment de réaliser un geste politique. Je suis un homme attaché plus que tout à la démocratie. Je sais donc que les arts berbères, la langue berbère, la culture amazighe en général, ont été longtemps victimes d’un abandon, pour ne pas dire plus. En même temps que la création du musée d’art berbère que j’ai fondé au Jardin Majorelle de Marrakech, le roi MohammedVI initiait dans le pays une vaste politique de réhabilitation en rendant à la culture amazighe la place qu’elle mérite dans le paysage marocain. Ce virage important est aujourd’hui gravé dans la constitution du royaume. Mon action est arrivée donc par coïncidence et j’en suis ravi.
Votre exposition s’inscrit donc dans une démarche militante. Êtes-vous satisfait de son impact ?
Comme vous le savez, l’exposition a eu lieu à Rabat, plus précisément à la Bibliothèque Nationale du Royaume du Maroc que dirige mon ami Driss Khrouz. Mais avant cela, elle a fait escale à Paris, puis à Bahreïn. Et je peux dire toute ma fierté quant à l’intérêt qu’elle suscite partout où elle passe.
Comment avez-vous cumulé toutes ces pièces d’art ?
Avec Yves Saint Laurent, nous avons dès notre première arrivée au Maroc en 1966, porté un grand intérêt à l’art berbère. Avec le temps, nous faisions donc le tour des bazars de Marrakech et achetions des objets. À l’époque, la ville était beaucoup moins prisée par les touristes. De fait, nous dénichions les objets rares beaucoup plus facilement qu’aujourd’hui. La plupart étaient authentiques et anciens. Mais la collection ne s’est vraiment étoffée que depuis quelques années, lorsque j’ai acheté 2 000 pièces en une seule fois.
Propos recueillis par Sami Lakmahri
Lire la suite de l’interview dans Zamane N°60