L’un des rares dictionnairiques de la langue arabe au Maroc, Abdelghani Abou El Azm, se voit rendre ici un hommage appuyé pour son nouvel ouvrage, Al-Ghaniyy az-Zahîr.
Dans le vaste champ des sciences du langage, il y a un domaine que les spécialistes jugent à la fois nécessaire et ingrat. C’est le domaine de la dictionnairique et du lexique. Nous savons tous l’importance vitale des dictionnaires, importance qui assure l’immortalité à leurs auteurs. Qui ne connaît pas Lisân al-‘Arab d’Ibn Manzûr, le Littré ou le Robert, le Dictionnaire des institutions indo-européennes d’Emile Benveniste !
Al-Ghaniyy az-Zâhir, dictionnaire de la langue arabe, a été réalisé par mon ami Abdelghani Abou El Azm. Lui garantira-t-il l’immortalité évoquée plus haut? Personnellement je le pense et je dirai pourquoi. Mais une chose est sûre: en réalisant cette œuvre monumentale, il ne pensait pas à l’immortalité ni à entrer dans la grande histoire de la langue arabe. Il cherchait simplement à faire en sorte que son travail manifeste et incarne son amour, sa passion pour la langue arabe. Une seconde qualia, effet de la première, a beaucoup contribué à mener à bien ce projet. La passion de l’amoureux de la langue ou de l’amoureux tout court lui a enseigné la patience, la grande patience des amours courtois sans laquelle l’objet de son amour l’aurait abandonné. Combien de fois, lui rendant visite, je le trouvais en train de corriger, d’annoter, d’enrichir ses innombrables tirages en papier. Combien de fois, il a eu l’amitié et la gentillesse de me rendre visite accompagné, toujours, de pages à relire, à corriger et à annoter.
Il me semble avoir lu ou entendu quelque part qu’il a consacré trente ans environ de sa vie à ce travail. Je ne compterai pas les années même si je suis convaincu que ce projet a été mis en branle au début des années 70 du siècle dernier. Néanmoins, je peux témoigner d’une impression forte chez moi aujourd’hui. Tout s’est passé entre nous comme si les plus intenses de nos conversations n’ont été que celles qui avaient trait à l’amour de la langue et, donc, au dictionnaire Al-Ghanî az-Zâhir.
Par Abdellah Bounfour
Lire la suite de l’article dans Zamane N° 62