Présents sur le littoral de l’Ifriqiya pendant plusieurs années, les Normands, aussi appelés les Vikings, subissent une cuisante défaite lorsque Abdelmoumen, le premier calife des Almohades, décida de récupérer ces territoires. Récit d’une bataille menée par un fin stratège.
La pérennité d’un empire ne tient parfois qu’à un seul homme. Tel est le cas lorsqu’à partir de 1135, le royaume normand de Sicile se prend à rêver d’une expansion en Afrique. Roger II, le roi normand, profite alors de la faiblesse des Zirides et parvient peu à peu à conquérir les villes côtières de l’Ifriqiya (actuelle Tunisie).
Djerba d’abord, puis Sfax, Gabès, Sousse, Tripoli, Bône et enfin Mahdiyya, en 1148. Plutôt familier de la culture et de la langue arabe, décrit comme étant tolérant et libéral, Roger II est soucieux de gagner les bonnes grâces de la population indigène et de maintenir l’équilibre local. En s’appuyant sur les élites locales, musulmanes, il parvient à régner dans un esprit de stabilité, de tolérance et d’apaisement. Mais à son décès, en 1154, l’héritier du trône, son fils Guillaume Ier crée la rupture. Trop occupé à mater une rébellion en Sicile, il freine l’expansion normande en Afrique et durcit considérablement son attitude en Ifriqiya. L’apaisement laisse alors place aux pillages et aux pogroms contre les musulmans.
Le S.O.S de Zawila
A Zawila, une ville proche de Mahdiyya, plusieurs musulmans parviennent à réchapper aux massacres et s’enfuient à Marrakech, auprès du premier calife de la dynastie almohade, Abdelmoumen, qui s’est déjà emparé de l’essentiel du Maghreb central au début des années 1150. Les miraculés sont accueillis honorablement et le prince “reçut de leurs bouches le récit de leurs souffrances en même temps que l’expression de leur conviction qu’il était le seul prince musulman à qui ils pussent recourir pour obtenir satisfaction”, raconte l’ouvrage Pays d’Islam et monde latin X et XIIIe siècle, écrit par Michel Balard, Alain Demurger et Pierre Guichard.
Par Nina Kozlowski
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