En 1942, les Etats-Unis s’engagent officiellement dans la Seconde guerre mondiale et préparent, conjointement avec les Britanniques, le débarquement sur les côtes d’Algérie et du Maroc. Pour mener à bien cette périlleuse mission, les Américains déploient un réseau d’espions, rassemblés sous la bannière de l’Office of Strategic Services (OSS), l’ancêtre de la CIA.
Eté 1942, douze espions de l’OSS, baptisés pour l’occasion les « douze apôtres », sont déployés dans les principales villes d’Afrique du Nord. Un petit réseau d’espionnage existe déjà depuis 1941, en vertu des accords Weygand-Murphy, un pacte passé entre la France et les Etats-Unis qui permet au gouvernement de Vichy d’obtenir une aide (ravitaillement) en Afrique du Nord de la part des Américains, et autorise ces derniers à faire du business sur place, entre autres avantages.
Le QG de l’OSS est basé à Tanger, alors zone internationale, émancipée de la tutelle française ou espagnole. Une zone de non-droit toutefois, carrefour des ondes des diplomates, d’espions, de malfrats, de résistants et autres opportunistes, où s’organisent des trafics et des complots de toutes sortes. Sur place, les Nazis aussi s’en donnent à cœur joie. Parmi leurs occupations favorites : un travail de sape de l’économie britannique. Il s’agit, en somme, de fabriquer de faux billets de livres sterling puis d’en inonder le Royaume-Uni. Cette opération, connue comme « l’opération Bernhard », démarre dans la ville du Détroit.
Rapidement, du côté américain, l’OSS se dote d’un embryon de hiérarchie. A la tête de l’OSS, le major-général William Joseph Donovan, surnommé Wild Bill, vétéran de la Première guerre mondiale et ami personnel du président Roosevelt. Sous son commandement : douze hommes, envoyés à Casablanca, Alger, Tunis ou Le Caire. Leur couverture? Vice-consuls. Leur principale mission ? La collecte de renseignements. Au QG de Tanger, c’est le lieutenant-colonel William A. Eddy qui prend les rênes. Un personnage atypique, un marine qui s’est illustré au combat pendant la Première guerre mondiale. Né au Liban mais citoyen américain, il est parfaitement arabophone et accoutumé à la culture arabo-musulmane. Mieux, c’est à la fois un intellectuel et un homme de terrain, mais aussi un véritable leader.
Par la rédaction
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