Le terme « patrimoine » renvoie généralement à l’idée de l’héritage culturel d’une nation et à sa mémoire collective. On pense plus souvent au patrimoine bâti et aux sites archéologiques. Le patrimoine est catalogué. Il fait l’objet de programmes de sauvegarde, de réhabilitation et de restauration. Ce dossier se propose de requestionner un certain nombre d’idées reçues. Le patrimoine est multiple : matériel et immatériel. Jusqu’à quel point le terme arabe « tourath » est-il l’équivalent de « patrimoine » ? Comment les différents acteurs institutionnels interviennent-ils dans le traitement du patrimoine ? Pourquoi notre rapport au patrimoine connaît-il un hiatus persistant entre les pratiques et les déclarations d’intention ?
Le patrimoine renvoie généralement à un certain nombre d’idées et de représentations comme l’héritage culturel, l’identité collective et les différents supports qui permettent à la collectivité de se repérer vis-à-vis de son passé et de sa trajectoire historique. Toutes ces fonctions expliquent l’impératif de la protection du patrimoine et sa défense contre tous les risques de destruction ou de dépérissement. Lorsqu’on observe la réalité des pratiques au Maroc, nous découvrons un certain nombre de paradoxes. Le plus visible réside dans l’opposition entre d’un côté une tradition urbanistique et architecturale qui nous inspire une certaine fierté et qui a obtenu une reconnaissance internationale comme étant d’une valeur universelle ; et d’un autre côté le délabrement des médinas et le piétinement des programmes de restauration de sites importants. La protection et la sauvegarde amènent elles aussi des questionnements : quels sont les acteurs institutionnels qui définissent ce qu’il faut restaurer et le style de restauration qu’il faut adopter ? La restauration relève-t-elle de la technique ou de l’art ? Sauvegarder une médina est-ce la «muséifier», ou lui insuffler une nouvelle vie dans le cadre d’une stratégie de «développement durable» ?
Dossier coordonné par Abdelahad Sebti
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