Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté, le vendredi 29 avril dernier, une résolution qui statue en faveur du rétablissement, dans un délai de trois mois, de la Minurso dont la composante civile et politique a été expulsée par le Maroc. Un statu quo qui incite le royaume à diversifier ses soutiens, au détriment d’alliances historiques. Un tournant
Le monde bipolaire est bel est bien terminé. Au temps de la Guerre froide, les protagonistes de tous les conflits étaient conviés à choisir leur camp. Un choix qui se résumait aux deux superpuissances d’alors, les USA et l’URSS. A l’éclatement du conflit du Sahara en 1975, le royaume fait confiance au bloc occidental où la France est en première ligne. Plus de 40 ans plus tard, les temps ont bien changé. Le Maroc de Mohammed VI est prêt à prendre un virage historique. Les alliances d’hier sont désormais vues avec plus de scepticisme. Une position très clairement exprimée par le souverain à l’occasion du sommet Maroc-CCG (Conseil de Coopération du Golfe) le 20 avril dernier : «La situation est grave, surtout au regard de la confusion patente dans les prises de position et du double langage dans l’expression de l’amitié et de l’alliance, parallèlement aux tentatives de coups de poignard dans le dos». L’allusion est ici faite aux Etats-Unis, auteurs d’une tentative d’inclure la surveillance des droits de l’homme au mandat de la Minurso en avril 2014. En clair, le royaume attend de ses alliés traditionnels d’appuyer le Plan d’autonomie qu’il a proposé à l’ONU en avril 2007. C’est donc avec méfiance que Rabat a attendu les résolutions du Conseil de sécurité. En 2016, la crise entre le royaume et Ban Ki-moon, secrétaire général de l’ONU, vient pimenter les débats au sein de ce même Conseil de sécurité.
Depuis, le mandat de la Minurso est remis en cause par la Maroc suite au dérapage verbal de Ban Ki-moon, qui a qualifié la présence marocaine au Sahara d’« occupation ». En réponse, Rabat a procédé à l’expulsion de 83 membres civils de la mission onusienne. La résolution d’avril 2016 était de fait la plus attendue de ces dernières années. Elle est finalement tombée, après plusieurs reports. Le Conseil de sécurité demande le rétablissement de toutes les composantes de la Minurso dans un délai de 90 jours et le prolongement de son mandat pour un an, jusqu’en avril 2017. Une décision qui maintient finalement le statu quo tout en laissant du temps pour un retour à l’apaisement entre Rabat et l’ONU. La visite du souverain à Moscou ne semble pas avoir fait basculer la sympathie russe en faveur du Maroc. Ainsi, toutes les grandes puissances ont voté pour, sauf la Russie qui s’est abstenue. Seuls le Venezuela et l’Uruguay ont voté contre.
Un tournant.