Encore aujourd’hui, il incarne la lutte de la cause féminine. Adulé ou détesté, il est l’un des artisans de la réforme de la Moudawana, promulguée en 2004, et il l’a payé cher. Pas grave, Saïd Saâdi ne marche pas à l’égo ni à la politique politicienne. C’est d’ailleurs pour ça qu’il a quitté son parti, le PPS, remis sa casquette d’économiste-militant et rejoint les combats de la société civile arabe. Plan d’intégration de la femme au développement, état de la gauche, choix économiques du Maroc ou encore islam politique … Saïd Saâdi nous livre son témoignage et sa vision.
Où en êtes-vous, depuis que vous avez claqué la porte du PPS (Parti du Progrès et du Socialisme) le 8 juin 2014 ?
Je m’investis dans la recherche en Sciences Sociales. Je suis en train de boucler deux recherches universitaires, l’une sur le capitalisme de connivence au Maroc et l’autre sur la place des femmes dans le mouvement social marocain, en prenant notamment le cas des Soulaliyates.
En parallèle, je fais de l’expertise citoyenne auprès de la société civile arabe en travaillant avec l’Arab NGO Network for Developpement (ANND) et en intervenant dans des colloques avec le syndicat inter-arabe. Je ne vais pas vous cacher le fait que je suis déçu par la classe politique. Beaucoup de politiques et d’intellectuels se sont retirés de la réflexion, soit pour devenir des experts au sens technocratique du terme, soit pour devenir des politiciens professionnels, avec les résultats que l’on connaît. C’est cette double approche critique qui m’a amené à revoir mon parcours et faire en sorte de trouver une satisfaction personnelle.
La politique, c’est donc terminé ?
On ne se retire jamais vraiment de la politique, on cherche simplement à en faire autrement, en essayant de faire les choses que les politiques ne font plus, c’est à dire réfléchir aux éléments d’une offre politique alternative. Pour l’instant, au Maroc, il y a d’un côté les islamistes et de l’autre, beaucoup d’opportunistes. Nos hommes politiques ont délaissé la réflexion critique et ne sont plus capables de mobiliser les citoyens, notamment les jeunes qui ne croient plus en eux. Lors des législatives de 2011, seuls 7 millions de Marocains sont allés voter, alors qu’il y a 22 millions d’électeurs. Le nombre d’insatisfaits par l’offre politique actuelle est énorme.
Propos recueillis par Nina Kozlowski
Lire la suite de l’article dans Zamane N°62