Si le fait migratoire est planétaire, il a également changé la donne des rapports internationaux. Il est l’indicateur du niveau d’humanisation possible du monde. Mais qu’en est-il des migrants marocains ?
Au cours de la dernière décennie, nous sommes devenus un pays d’immigration (avec quelque 3 500 000 ressortissants, la communauté marocaine résidant à l’étranger représente plus de 10 % de la population totale du pays) et d’émigration, de même, sont apparues au cours de la même période, des problématiques nouvelles, celles portant sur la question du « genre », sur les nouveaux modes relationnels des enfants issus de la migration ou ayant grandis dans les pays d’accueil avec le pays d’origine, le Maroc. Ces questions demandent des réponses appropriées. Les apports des migrants marocains se sont aussi démultipliés par leur caractère multiforme, à la fois flux financier permanent, porteur économique de la survie de régions, investisseur, et surtout passeur de culture et de nouveaux comportements, de même ils sont acteurs de nouvelles synergies de compétences dans tous les domaines technico-scientifiques. Quatre générations ont autorisé ces mutations d’apports. Mais alors, aux MRE, que leur donnons-nous en échange de leurs apports ? Que fait l’État ? Nos autorités publiques ont à produire de la permanence culturelle là bas, et des réseaux économiques et scientifiques transfrontaliers entre ici et là bas.
Par Raymond Benhaim
Dossier spécial dans Zamane N°45-46