On ne connaît des Bourequat que Midhat, Ali et Bayazid pour avoir passé d’horribles années dans la prison secrète de Tazmamart. Le reste des frères et surtout le père sont restés dans l’ombre.
L’histoire des trois frères Bourequat, Midhat, Ali et Bayazid est suffisamment connue pour ne pas rajouter d’autres détails sur cette tragique histoire. Ces fils d’un Tunisien, citoyen français, Mohamed Abderrahmane, installé au Maroc après l’instauration du Protectorat, et d’une Alaouite proche du Palais du nom d’Amina, furent arrêtés en 1973, puis disparurent pendant 17 ans. Ils passèrent une bonne partie de leur longue captivité dans le tristement célèbre mouroir secret de Tazmamart, avant de réapparaître en 1991. L’histoire personnelle des frères Bourequat est fortement liée à l’entourage de Mohammed V, puis de Hassan II, les deux souverains dont ils furent très proches avant de devenir les emblématiques victimes des années de plomb. Mais les Bourequat, c’est aussi une famille avec des personnages iconoclastes, dont certains ont eu une vie très agitée.
Le dénonciateur
Trois personnages, trois Bourequat, sortent du lot : Salah Bourequat, dit « Alexandre », fils de Allaouah qui l’a changé en Bourequat à une date non connue, est né à Sousse en Tunisie. Citoyen français, d’origine algérienne pour les uns et Tunisien pour d’autres, il demeure successivement dans différentes villes du Maroc. Abonné aux affaires délictuelles, il fut condamné pour escroqueries diverses dans les années 1930 et incarcéré à plusieurs reprises, au milieu des années 1940. En 1944, il n’a trouvé rien de mieux à faire pour négocier une réduction de peine que de « donner » son frère aux autorités françaises, l’accusant de collaboration avec les « extrémistes musulmans », c’est-à-dire les nationalistes marocains.
Par Adnan Sebti
La suite de l’article dans Zamane N° 55