Il est presque inimaginable de concevoir aujourd’hui une célébration sans la présence sur nos tables de cette porcelaine japonaise connue sous le nom du port d’imari qui en assurait l’exportation et que nous baptisons « taous ». En moins de deux siècles, elle a acquis un droit de cité parmi nos traditions nationales.
La porcelaine de Chine a toujours été appréciée par les élites dirigeantes des grands empires musulmans d’Orient comme les Abbassides ou les Ottomans. La fameuse route de la soie a été pendant longtemps le moyen par lequel la vaisselle culinaire chinoise arrivait jusqu’aux palais des sultans à Bagdad ou à Istanbul. En Afrique du Nord, les fouilles archéologiques n’ont pas permis jusqu’à présent d’attester la présence de cette porcelaine chinoise, à part quelques traces de la faïence bleue connue au Maroc sous le nom de « bdiî ». D’ailleurs, Ibn Battouta, une fois en Chine en 1345, ne manque pas de mentionner que la vaisselle de l’Empire du Milieu était bien connue dans son pays. Récemment, les travaux de restauration de la medersa Lukash à Tétouan, entrepris par le ministère des Affaires islamiques, ont pu révéler quelques morceaux de cette faïence bleu-blanc de Chine qui remonte aux environs de l’année 1700. Des spécimens de cette faïence ne figurent pas aujourd’hui parmi les collections privées des familles aristocratiques marocaines, comme c’est le cas pour l’Imari japonais qui a sans doute survécu à cause de sa plus grande valeur, et son caractère relativement récent.
Par Mohamed El Mansour
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