Confectionné dans les régions enclavées de l’Atlas, chaque tapis berbère, fruit d’un travail de plusieurs mois, raconte sa propre histoire, ou plutôt celle de la femme qui l’a créé.
Les tapis berbères, on connaît. Leurs motifs géométriques aussi…Nous sommes habitués à les voir sans les regarder, à les toucher sans les comprendre, à en évaluer et négocier le prix sans en connaître la valeur…Combien d’entre nous savent que dans ces tapis de laine, se cache une histoire secrète ? Que ces dessins sont en réalité un langage codé ? Celui des femmes berbères qui les créent. Ce fait lui-même est un secret, réservé à quelques initiés : historiens, experts de la culture amazigh, passionnés d’objets anciens, antiquaires et galeristes…Dans les échoppes des souks, les vendeurs assaillent le chaland marocain comme le touriste, d’arguments de vente basés sur la qualité de la laine, l’éclat des couleurs, et crient cette rhétorique du fait main… Si vous insistez un peu, ils vous révéleront peut-être l’origine géographique du tapis en question, mais bien peu sont capables d’en décrypter les signes.
La raison ? Dans un ménage traditionnel berbère, l’homme et la femme travaillent en coopération, avec des périmètres d’action bien délimités. La femme s’occupe du tissage des tapis, l’époux s’occupe de la vente dans les marchés ruraux hebdomadaires. C’est donc l’homme qui vend le travail de la femme, sans forcément pouvoir le comprendre ni l’expliquer… Pour l’historien Frédéric Damgaard, « la culture marocaine est comme un iceberg ou la majeure partie est cachée et invisible. La partie visible en revanche est connue parfaitement par tout le monde.
Par Yasmina El Kadiri
La suite de l’article dans Zamane N°1