Oui, elle a existé. Sur les décombres d’un empire charcuté par les accords du Protectorat, Abdelkrim et les siens ont fondé une république qui a nargué pendant quelques années et le pouvoir du sultan et les puissances coloniales.
Quand la France et l’Espagne ont signé le traité de 1906 qui divisait le Maroc entre Français et Espagnols, Madrid ne savait pas dans quelle galère il s’était embarqué. Les sanglants harcèlements dont souffrait Melilia de la part des tribus rifaines qui entouraient le préside auraient pourtant dû lui donner une idée de ce qui l’attendait. Il faut dire qu’il y avait de bonnes raisons à cet aveuglement. L’empire espagnol venait de perdre, six ans plus tôt, ses dernières colonies d’Amérique (Cuba et Puerto Rico), d’Asie (Les Philippines), ainsi que l’île de Guam dans l’océan Pacifique. L’armée, affaiblie, ne pensait qu’à la revanche. Un sentiment partagé par le roi Alphonse XIII et une partie de la classe politique, humiliée par la vente à l’Allemagne, faute de pouvoir les protéger, des dernières poussières d’empire en Océanie : les îles Mariannes, Carolines et Palaos. Alors quoi de mieux que d’occuper une terre qui se trouve à deux pas de la péninsule, séparée de l’Espagne par un détroit large d’à peine quatorze kilomètres.
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