Le 17 octobre 1961, le consulat et l’ambassade de France à Rabat sont attaqués et saccagés par des manifestants. Surpris, les diplomates français songent à faire bombarder le Maroc…
Pour ceux qui se rappellent encore de cette histoire, on l’avait appelée la «crise de novembre». C’était en 1961. Le Maroc était gouverné par Hassan II, qui cumulait les fonctions de roi, de président du Conseil et de ministre des affaires étrangères. Comme la Tunisie, le Maroc avait accédé à l’indépendance depuis cinq ans déjà, mais l’Algérie voisine était toujours sous domination française et la guerre y faisait rage. Depuis l’Indépendance, Mohammed V, puis Hassan II, s’étaient placés résolument du côté des insurgés algériens, sans pour autant couper les ponts avec la France. Le Maroc oriental était alors le refuge et l’arrière-garde de la Révolution algérienne et chaque grande ville marocaine avait son représentant du FLN (Front de libération nationale).
C’est dans ce contexte que se produisit la «crise de novembre» qui a failli déboucher sur un conflit armé entre la France et le Maroc. Un épisode qui a été occulté pendant longtemps, jusqu’à ce que les archives françaises de cette époque soient rendues accessibles aux chercheurs.
Tout a commencé le 17 octobre 1961. Ce jour-là, des Algériens qui s’étaient déplacés en masse jusqu’au centre de Paris pour protester contre la guerre en Algérie, se sont fait tirer dessus par la police. À la fin de la manifestation, on comptera des dizaines de morts, dont certains s’étaient noyés après qu’ils furent jetés dans la Seine par des policiers parisiens. Deux semaines plus tard, le 1er novembre, une autre affaire vient se greffer sur la première. Ce jour-là, l’un des chefs de l’insurrection algérienne, Ahmed Ben Bella, en résidence surveillée au château de la Fessardière, à Turquant, en Maine-et-Loire, annonce qu’il commencera, avec ses nombreux compagnons de captivité, dispersés dans toute la France, une grève de la faim pour obtenir le statut de prisonnier politique. Ces deux événements, survenus loin du Maroc, allaient en fait déboucher sur une grave crise diplomatique entre le Maroc et l’ancienne puissance tutélaire. Ils allaient être le détonateur de la colère populaire marocaine dont le consulat général et l’ambassade à Rabat allaient faire les frais.
Par Adnan Sebti
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