Bien que n’étant pas considéré comme un personnage de premier plan dans l’histoire du Rif, le caïd Haddou ben Hammou a pourtant joué un rôle essentiel dans les événements qui ont lieu lors de la guerre de libération menée par Abdelkrim El Khattabi. Portrait.
Rifain de naissance, quoique Algérien d’adoption, Haddou ben Hammou, tout en étant un «acteur secondaire» sur la scène rifaine, a suscité notre intérêt en tant que personnage d’une grande complexité, partagé entre son adhésion à la cause du Rif et ses intérêts personnels. Il fait partie de cette catégorie d’êtres humains nés dans une période trouble, ébranlée par les révoltes et les persécutions, les dévastations et les famines, où le seul moyen de survivre pour les plus faibles et les gens du commun était de se mettre sous l’aile protectrice des plus forts. C’est ainsi que la famille du caïd Haddou ben Hammou avait trouvé protection en Algérie, à Port-Say, tout près de la frontière algéro-marocaine, aux côtés de la famille Say. C’est à Port-Say que des dizaines de Rifains, originaires de la tribu de Beqqioua (saccagée en 1898 par les troupes du sultan sous le commandement du caïd Bouchta El Baghdadi, suite à la demande des puissances européennes d’imposer un dur châtiment aux gens de cette tribu, accusés de mener des activités de piraterie contre les bateaux européens) avaient trouvé refuge et cherché à faire fortune, tout en gardant des liens étroits avec les membres de leurs familles restés sur le sol natal. Haddou ben Hammou a sans doute prospéré. De jardinier ou cuisinier de Louis Say, fondateur du port du même nom, il devint commerçant, propriétaire d’un magasin de tissus et de céréales. Puis, parallèlement à ses activités commerciales, il déploya une intense activité politique à cheval entre l’Algérie et le Maroc, dans laquelle il essaya de concilier son soutien à la cause rifaine avec ses attaches aux autorités coloniales françaises.
Par Maria Rosa de Madariaga
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