Un an après la déposition du sultan Mohammed Ben Youssef en août 1953, un cycle de violence incontrôlable embrase le Maroc. Personnalités françaises et marocaines tentent alors d’amorcer le virage des négociations pour l’indépendance. Depuis son exil malgache, le sultan est déterminé à calmer la situation, au point de mettre son trône en jeu.
Quant à Nos sujets, qu’ils sachent que Notre sort personnel nous intéresse secondairement. La dignité et l’honneur des Marocains sont également les Nôtres. Nous ne ferons jamais rien qui puisse entacher cette dignité et cet honneur». Telle est la conclusion d’une lettre écrite par Mohammed Ben Youssef à l’adresse de Pierre Mendès France, président du Conseil de la République française, depuis Antsirabe à Madagascar. Cette missive, datée du 26 décembre 1954, intervient après des négociations tenues secrètes entre le sultan exilé et les plus hautes autorités françaises. L’objectif de ces pourparlers est de désamorcer la « crise marocaine », déclenchée suite à la déposition du sultan un an auparavant. Une crise qui prend en cette année 1954 une proportion telle que la violence est désormais quotidienne au Maroc. En réponse aux actions armées menées par des fractions de résistants qualifiées d’attentats terroristes, des groupuscules de colons extrémistes n’hésitent pas à commettre vengeances et assassinats. Un climat délétère qui ne permet pas un cheminement serein vers l’indépendance du royaume, qui apparaît désormais comme inéluctable. Paris est en effet déjà en négociations avancées avec le Néo-Destour en vue de l’indépendance de la Tunisie, tandis que la Libye voisine est souveraine depuis 1951. Au Maroc, d’importantes revendications nationalistes s’affichent depuis le début des années 1940.
Par Sami Lakmahri
Lire la suite de l’article dans Zamane N° 73