La rumeur, autant que l’information, a toujours constitué la trame de fond de l’Histoire. Dans la société préindustrielle, ou précoloniale chez nous, la rumeur a même été le principal véhicule de l’information.
Pour qu’une rumeur devienne un renseignement véridique, elle doit passer le test de la véracité. Beaucoup de rumeurs ne passent pas ce test et restent de simples « bruits » qui courent et qui meublent les discussions des gens pendant un certain temps avant de sombrer dans l’abîme de l’oubli. En politique, qui fait l’essentiel de ce que l’on entend par histoire, la rumeur n’a pas toujours été appréciée du fait qu’elle est peut être un élément déstabilisateur. Quand le sultan remarquait l’effet néfaste d’une rumeur sur l’esprit général de ses sujets, il ne tardait pas à écrire un courrier à son gouverneur pour lui ordonner d’enquêter sur la situation qui prévaut dans sa province et de lui dresser un rapport sur l’exactitude ou la fausseté des bruits qui agitent la population. Dans le Maroc précolonial, la rumeur la plus déstabilisante concernait l’état de santé du sultan. Dans des cas pareils, le remède le plus recommandé résidait dans le déplacement du sultan lui-même sur les lieux pour mettre fin à des rumeurs qui risquent de s’étendre et de créer une atmosphère propice à tous genres de débordements. Mais la rumeur n’est pas toujours un phénomène négatif. Pour l’historien ou le sociologue, la rumeur traduit un état d’esprit, une conscience collective et peut jouer un rôle mobilisateur en temps de crise. Regardons de près le Maroc au début du siècle dernier, quand le pays se trouvait en état d’agonie devant les pressions et les incursions coloniales de toutes parts. A sa tête, un jeune sultan, Moulay Abdelaziz, inapte à relever les défis de son temps.
Par Mohamed El Mansour
Lire la suite de l’article dans Zamane N° 61
La France doit dédommager les marocains pour l’invasion de 1909 et suivants, pour le saccage, en hommes et ressources, auquel a soumit le Maroc pendant plus de quarante ans